[billetdhumeur] Au lendemain de la journée internationale pour le droit des femmes et entre quelques promos sur les robots cuiseurs, les soins pour le corps et la lingerie, j’ai vu passer de nombreuses éloges sur des femmes formidables, libres, ambitieuses, fortes… Et puis alors ne parlons pas de ces femmes qui osent partir seule ! Ne serait-ce que passer deux jours seules au fin fond du Vercors.
Je fais partie de ces femmes êtres humains qui partent seuls sur un coup de tête (ou qui programment ces voyages) et je ne me sens pas pour autant plus forte que qui ce soit. Par contre je n’ai envie que d’une chose : encourager tout le monde à le faire !
Pourquoi partir seul(e) ?
Si je commence en disant que pour moi c’est une évidence, on ne va pas aller loin. Partir seul(e) permet de faire des choses que l’on ne ferait pas à plusieurs mais aussi d’apprendre à être seul. Même quand nous sommes seuls au quotidien, nous avons toujours un téléphone pas loin pour discuter sur Messenger et Whatsapp. Quand je pars seule, je veux être totalement seule et me confronter à moi même. J’ai donc mon téléphone avec moi en cas de besoin mais il est toujours éteint. Au cours de mes différentes expériences en solo, je ne l’ai allumé que deux fois. Une fois lors de ma première expérience pour rassurer ma famille (j’étais très fière aussi 😉 ) et une seconde fois suite à une petite chute de moral, je reviens dessus un peu plus bas.
Et si je m’ennuie ?
Je crois que je me suis jamais si peu ennuyé en voyage que quand je voyageais seule. Quand j’ai envie de faire quelque chose, je le fais. Si une fois arrivée sur place ça ne me plait pas, je n’ai plus envie ? Je m’en vais et ne reste pas car l’autre / les autres en a / en ont envie. Si j’ai envie de ne rien faire, je ne fais rien. Je ne suis pas obligée de synchroniser mes envies à celles des personnes avec qui je voyage.
Lors de mon dernier voyage en solo ma voiture est tombée en panne. Après avoir eu une belle frayeur sur l’autoroute, échangé quelques mots avec le dépanneur du fin fond des Cornouailles, expliqué tant bien que mal ce qu’avait ma voiture à un garagiste, eu l’assistance internationale de mon assurance au téléphone, je n’ai eu qu’une envie : prendre le premier bateau pour la France et rentrer chez moi. Retrouver ma famille et mes amis. J’ai décidé de rester. Après avoir passé 5h dans le garage du coin à attendre et que le seul diagnostic donné par le garagiste anglais était « mystery », j’ai repris la route. Pas très sereine, mais j’ai repris la route. C’est le jeu ma pauvre Lucette. 1h30 de trajet plus tard, j’arrive tant bien que mal à l’auberge de jeunesse que j’avais réservée au hasard. Je suis exténuée. Je n’ai rien fait de ma journée mais les 3h de route dans les jambes et toutes ces émotions m’ont exténuées. Oui mais très vite le voyage reprend le dessus, je découvre un village côtier paisible, une auberge de jeunesse qui surplombe la mer et mon lit a vue sur la mer. Tout ça pour dire qu’après tout ça, je n’étais pas très sereine de reprendre la voiture dans les petites routes sinueuses des Cornouailles. Pas de problème. Je reste où je suis. Je ne me suis jamais autant reposée. La différence avec toutes les autres vacances ? Je m’écoute. J’écoute mes envies. J’écoute mon esprit et mon corps.
Et si … ? Et si… ?
Comme le dirait n’importe quel grand philosophe, « avec des si on refait le monde ». Alors oui, vous n’êtes pas à l’abri d’un accident lors de votre voyage. D’une mauvaise rencontre. Mais quand vous partez à plusieurs également. L’accident n’est pas ingérable quand on est seul(e), il se gère différemment. Le voyage ne perd pas en sens quand on est seul(e), il change de sens.
Selon moi il suffit de regarder les choses différemment. Je suis de nature optimiste donc c’est sûrement plus facile. Mais de mes voyages en solo, je ne retiens pas la fois où j’ai failli tomber de la falaise, ni la fois où ce couchsurfer m’a plantée, ma voiture tombée en panne au milieu de nul part, le contrôle de douane trop méticuleux, toutes ces fois où je me suis perdue… Non, je retiens le paysage à couper le souffle une fois arrivée en haut de la falaise, l’auberge de jeunesse hors du commun où je suis arrivée au dernier moment, mon premier trajet en dépanneuse (c’est pas la classe ça??)…
De la lecture pour s’inspirer
Pas encore convaincu ? Je vous ai sélectionné quelques lectures 🙂
S’il y a un livre à lire sur le voyage en solo, c’est Wild de Cheryl Strayed. Je l’ai découvert après mes premières expériences en solo et j’ai eu l’impression de faire un nouveau voyage. Cheryl nous emmène avec elle sur le PCT Américain, entre solitude, douleur, rencontres et accomplissement. Attention, ce livre peut vous donner envie de tout quitter du jour au lendemain.
Pour des guides plus pratiques, je recommande deux livres :
- L’art de voyager seule (ebook) : un guide très pratique partageant que mettre dans sa valise, où partir…. Il est un peu plus accès pour des très grands voyages.
- La Bible du grand voyageur : un autre guide très pratique et qui ne s’adresse pas qu’aux femmes. Les conseils pratiques sont entrecoupés de témoignages de grands voyageurs tels que Nans et Mouts
Et si on ne veut pas lire et seulement écouter, il y a le podcast de la Bougeotte.
Alors, vous partez quand ?